Cancer du sein & chimiothérapie : quel mode d’administration est le plus sûr ?

- 4 septembre 2020 -

La prise en charge d’un cancer du sein localisé (non métastatique) nécessite souvent la réalisation de 4 mois de chimiothérapie. Celle-ci doit nécessairement être administrée via un cathéter. Actuellement, deux dispositifs sont disponibles :

  • Le cathéter à chambre implantable (CCI). Il s’agit d’un boîtier inséré sous la peau en dessous de la clavicule, ou plus rarement au niveau du bras, en général sous anesthésie locale. Le CCI présente l’avantage d’être entièrement sous la peau, ce qui autorise la prise de douche ou de bain. Aucun soin particulier n’est à réaliser lorsque le CCI n’est pas utilisé. L’ablation du CCI est réalisée de façon chirurgicale, après la fin du traitement par chimiothérapie.
  • Le PICC (Peripherally Inserted Central Catheter) est un cathéter inséré dans une veine périphérique du bras. L’intérêt de ce dispositif réside dans sa facilité de pose et de retrait par rapport à un CCI. En revanche, le PICC est un dispositif transcutané, ce qui nécessite une occlusion permanente par un pansement et contre-indique une immersion. Il faut également réaliser un nettoyage du point d’insertion, un rinçage du cathéter et une réfection du pansement occlusif de façon hebdomadaire, que le cathéter soit utilisé ou non.

Nous avons souhaité déterminer lequel des 2 dispositifs était le plus sûr, et lequel était le mieux accepté par les patientes. Nous avons donc organisé sur le Centre avec le soutien de la Ligue contre le Cancer une étude collaborative impliquant l’URC et les départements d’Oncologie Médicale et de Chirurgie-Anesthésie. Entre 2014 et 2018, 256 patientes ont accepté de participer. Un tirage au sort a déterminé quel dispositif serait implanté, puis les patientes étaient suivies pendant un an. Au total, 31 patientes (12%) ont eu une complication considérée comme grave (phlébite, infection, changement de cathéter..), en lien avec leur cathéter. Le risque d’avoir une complication grave était plus élevé pour les patientes ayant un PICC (18%) par rapport à celles ayant un CCI (7%). Concernant le ressenti des patientes, il n’y avait pas de différence entre les 2 dispositifs concernant la satisfaction globale, l’acceptation du dispositif et l’anxiété/douleur liée au dispositif. En revanche, un inconfort plus important a été rapporté pour les patientes ayant un PICC.

Cette étude a permis pour la première fois de répondre de façon fiable à la question que nous nous posions : le risque de complications graves est plus faible avec le CCI. De plus, ce dispositif est associé à un meilleur confort. En conséquence, et dans la mesure du possible (délai de pose et contraintes d’organisation), un CCI devrait être privilégié pour réaliser l’administration d’une chimiothérapie adjuvante lors de la prise en charge d’un cancer du sein. Il convient de noter que les complications graves liées aux cathéters n’ont qu’exceptionnellement un impact sur le déroulement de la chimiothérapie.

Pour lire l’article : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31931269/

Florian Clatot